Le vide intergalactique. Je n’étais pas sûr de la définition de cette expression, mais c’était les seuls mots que j’arrivais à mettre sur ce que je ressentais. J’ouvris un œil, puis deux. Enfin, j’ouvris mon deuxième œil, hein, pas deux autre, a priori, j’étais normalement constitué, j’avais deux yeux. Ou alors le troisième se cachait ailleurs et… Rien que d’y penser ça me filait la migraine. Ou alors ce mal de tête était déjà présent depuis un moment et je ne m’en rendais compte que maintenant. En tout cas, c’était là un bien beau plafond. J’attendis que le monde arrête de tourner pour oser bouger.

Tous les membres de mon corps semblaient fonctionnels. Ils semblaient tous répondre à l’appel. Quoique, sauf un. Je fronçais les sourcils. Comment j’étais arrivé là ? Depuis combien de temps ? J’eus beau forcer, rien. Pourquoi la seule raison que j’arrivais à trouver c’était que j’avais dû me prendre une sacrée cuite que tu t’es pris la veille, mon Puck. Mais en continuant de forcer sur mes quelques neurones je me rendis compte, que ce n’était pas seulement les souvenirs de la veilles qui manquaient à l’appel. A part ce nom : « Puck », je n’avais rien qui me venait à l’esprit. Ce n’était pas très réjouissant cette affaire.

Mon attention fut vite attirée par autre chose. J’avais soif. Et ça tombait bien parce qu’il y avait de l’eau juste en face de moi. Une carafe et deux verres. Attendez… Deux verres ? Je parcourais la pièce du regard et m’arrêtai sur une silhouette un peu plus loin, en train de dormir, ou dans le coma, aucune idée. Curiouser and curiouser. En plus il avait une sale tête. C’était quoi ce style, là ? Avec ses tatouages partout et ces cheveux longs. J’espérais que… Je baissais les yeux vers mon propre corps. Oh non. J’avais les bras pleins de tatouages aussi. Mes mains vinrent tâter mon visage. J’avais des cheveux plutôt longs aussi. Oh non. J’étais son frère jumeau. Ou alors il était mon corps et moi l’esprit ? Mais j’arrivais à attraper les objets, ça ne faisait pas de sens. Et même en me pinçant, je ressentais la douleur. Définitivement, la théorie du frère me semblait plus exacte.

Pendant un instant, perplexe, mon regard alla de l’eau au corps allongé, puis du corps allongé à l’eau. Ca semblait totalement évident à présent. Un sourire malicieux fleurit sur mon visage. Je versais de l’eau dans les deux verres, bu le premier et saisit le deuxième pour m’approcher doucement de l’homme endormi. Je posai le verre au sol près de lui et le plus délicatement du monde, je soulevais son bras, attrapant son poignet entre deux doigts. Puis je le déplaçai précautionneusement vers le verre. Juste que là, il ne s’était pas réveillé. A croire que j’étais bon à ce que je faisais. Je saisis alors un de ses doigts pour le plonger dans l’eau du verre.

Je devais vraiment me retenir pour ne pas rire. Accroupi à un mètre de ma victime, simple distance de sécurité, j’attendai qu’il se réveil. Aucune idée d’où me venait cette pensée, comme quoi, avoir un doigt dans un verre d’eau allait lui donner envie de pisser soudainement. Mais je sentais que ça allait être drôle. Et rien que pour ça, pour la tête qu’il ferait en se réveillant, j’étais prêt à me montrer patient.

Pendant un instant je cru que le type s’était réveillé, il avait ouvert les yeux, pour les refermer aussi sec. Fausse joie. J’allais pousser un soupire exaspéré lorsque qu’il ouvrit les yeux à nouveau. Si je n’attendais pas les conséquences de mon merveilleux plan, j’aurais sûrement bondit de joie en hurlant “il est vivant !”. Parce que, quelque part, je me réjouissais de ne pas être seul. Pas que la solitude m’agace particulièrement. Juste que le temps serait long, si je devais me retrouver à faire des blagues à un cadavre. C’était même un peu glauque. C’est fou, à ne me souvenir de rien, j’avais l’impression que certaines de mes pensées me venaient tellement facilement que s’en était presque tout aussi étonnant.

Bref, le type se redressa tellement soudainement que je sursautai et tombai sur les fesses. Pendant un court instant, j’eus peur qu’il me saute dessus. Mais à part un verre renversé, il n’y eut pas de casse. D’ailleurs c’était super ça. Je constatai en grimaçant que l’eau avait coulé jusque vers moi. Et j’avais le postérieur trempé. Super. Pendant que je me souciais de mon jeans humide l’autre gars était en train de faire le même check up que moi précédemment. A croire que c’était quelque chose d’instinctif que de vérifier que tout était là et fait un point rapide sur la situation.

Roh non mais c’était trop, cette tête qu’il avait. Puis je me refis la scène de son réveil. Je commençai à rire. Ou plus exactement à pouffer dans mon coin, parce que je ne voulais pas attirer trop l’attention. Le meilleur était encore à venir. Mais il faut croire que c’était raté pour la discrétion. Le gars me repéra du regard, et cette tête. Ok, cette fois, je me mis à rire sans retenue. Et là, encore mieux, il parcourut la pièce du regard, se leva et se dirigea vers la plante verte, je m’étais calmé, retenant mon souffle pour voir s’il allait faire ce à quoi je pensais. Mais il s’arrêta, se retourna pour me poser un flot de question.

- Aucune idée, gars, je me souviens de rien ! Je sais pas dans quelle genre d’aventure on s’est barré pour en arriver là. Mais j’ai bien peur qu’il n’y aie pas de toilettes. Mais t’inquiète, je me retourne si tu veux, je crois que cette plante a bien besoin d’être arrosé de toute façon.

Je me remis à rire. Parce que je n’étais juste plus capable de m’arrêter. Puis à rester dans l’hilarité, je n’avais pas à m’inquiéter pour d’autre question.

- Et la flotte je sais ! Ca c’est toi qui a tout renversé en te levant ! Un super strike ! Regarde ! J’suis trempé !

Je me tournai et me penchai pour montrer mon postérieur à mon interlocuteur. Oui, moi aussi je trouve que c’est une belle entrée en matière que de se montrer nos derrière, comme ça.

Je crois, que j’aimais déjà beaucoup ce type. Sans poser de question, il a vraiment arrosé cette pauvre plante qui n’avait rien demandé. Alors qu’on serait sorti de cette pièce, il y avait peut-être des toilettes à proximités. Il faut croire que c’était une envie très pressante. Comment vouliez-vous que j’arrête de rire après ça ? Je sais pas si c’était ce réveil difficile qui rendait mon interlocuteur aussi crédule ou s’il était toujours comme ça. Mais dans le deuxième cas, je pouvais être rassuré. Même si on était que deux, j’allais bien rigoler. Dans le fond, c’est tout ce qui comptait, n’est-ce pas ?

Je le laissai arroser la plante avant de me plaindre à propos de mon jeans trempé. Le type avait même pas réalisé que c’était lui qui avait foutu de l’eau partout ? Sérieusement ? Il est génial. Je l’adore. Finalement, je ne serais pas déçu qu’il soit mon frère. J’ouvris quand les yeux quand il ajouta qu’il espérait que ce soit juste de l’eau, puis je me remis à rire :

- J’espère aussi ! Sauf si on nous a servi à boire de la javel ! Ce qui serait assez inquiétant ! Mais nan, je crois que si j’avais envie de pisser, j’aurais plutôt choisi la plante aussi, au lieu de mouiller mon jeans.

J’aurais pu me faire dessus pendant mon sommeil, ce n’était pas une option à écarter. Mais j’étais bien sûr que mon jeans était sec à mon réveil. D’ailleurs, combien de temps est-ce nous étions restés là ? Pas assez pour qu’on aie besoin de quoique ce soit. Si ce n’est soif. Donc peut-être plusieurs jours. Ou alors juste quelques heures ? Et comment est-ce qu’ils allaient savoir qu’on voudrait de l’eau à notre réveil ? Nan mais clairement, je n’étais jamais venu ici. Ok, je sais, c’est facile à dire quand on se souvient de rien, mais bordel, c’était louche cette affaire non ?

- Ah oui ? Toi aussi c’est le trou noir ? Putain… Je sais pas ce qu’il nous aie arrivé, mais ça devait pas être ouf. Mon nom c’est Puck. Enfin, comme toi, je crois. C’est le seul truc qui m’est venu à l’esprit.

J’espérais aussi que c’était simplement une grosse soirée. Mais c’était étrange, je n’arrivais même pas à me souvenir d’avant, ce n’était pas une simple trou de quelques heures. Ash parlait de pote et de famille… Je ne me rappelait rien de tout ça non plus.

- Ouais, ou peut-être qu’on trouvera quelqu’un pour nous expliquer tout ça ! Allez ! C’est parti pour l’aventure !

Je m’élançai vers la seule porte de la pièce, sans me préoccuper du bazars que nous avions fichu dans cette dernière. J’ouvris notre seul espoir de sortie, jetais un coup d’oeil à l’extérieur. Sait on jamais, autant vérifier que tout allait bien. Ash était derrière. Oh oui, c’était tellement le bon moment. Je souris, puis poussai un hurlement strident. Ash n’était pas encore à ma hauteur, et mon but était de lui faire croire qu’il m’était arrivé quelques chose. Juste pour le plaisir de lui faire peur, de voir sa tête et encore une fois exploser de rire. Oh oui, la journée allait être longue pour lui. Surtout si nous étions les deux seuls être présent dans cette bâtisse.

C’était bien trop facile. A mon cri, Ash réagit au quart de tour. A croire qu’on avait totalement oublié cette histoire d’amnésie. Tout du moins, c’était mon cas, mes souvenirs étaient passés en second plan. Le premier était de s’amuser, de rire à en avoir des courbatures aux abdos. J’entendis Ash s’alerter, je ne répondis rien, le laissant me rejoindre pour constater qu’il n’y avait rien du tout. L’attente était terrible. Je devais me retenir de rire en pensant à la suite des événements. Je me demandais quelle allait être la réaction de mon compagnon d’infortune. Est-ce que cette boutade allait l’amuser aussi ? Ou le mettre sur les nerfs. Oh, dans tous les cas, ça allait être génial.

Je crois que je m’étais préparé à beaucoup de scénario possible, mais pas celui là. Je me retournais pour voir Ash se précipiter, j’entendis un “zouiiip” puis un “pouuuuf” ! Ash venait de glisser sur l’eau qu’il avait renversé un peu plus tôt et… Cette cascade. Il y eu une seconde de planement avant que je n’explose de rire. Je rigolais tellement que j’en étais tordu en deux, à me tenir les côtes. Ce gars, il était génial, tellement incroyable dans sa maladresse. J’en pleurais de rire. Aucune idée de ce qu’était cet endroit, ni pourquoi nous étions là, mais je l’aimais déjà beaucoup.

Difficile de se remettre de ses émotions. J’essuyais les larmes qui avaient réussi à trouver leur chemin sur mes joues avant de tendre une main amicale vers Ash pour l’aider à se relever.

- J’ai trouvé les toilettes !

Je me remis à rire en montrant une porte du doigts à Ash, et j’allais continuer sur ma lancer, lui dire que ce n’était qu’une blague quand un flash m’aveugla. D’où venait cette lumière ? Je fermais les yeux, comme si cela allait m’aider. Puis un ça me revint à l’esprit, la fête, les fêtes, le bruit, les rires. Puis le tout s’évapora aussi vite que c’était arrivé. Enfin, sauf cette espèce de bride de souvenir. Parce que j’avais l’intime conviction que ce qui venait de me passer à l’esprit appartenait à mon passé. C’était tellement déstabilisant. Est-ce que c’était un souvenir d’hier soir qui venait confirmer nos théories sur notre amnésie ? Ou est-ce que cela remontait à plus de temps ? Mon intuition me guidait plus vers la seconde option. Mais qui sait ? Mon cerveau s’emmêlait les pinceaux.

- T’as vu ça ?

Cette fois-ci, pas de blague. Pour une fois, j’étais sérieux. Profitez en, ça ne risquait pas de durer longtemps. J’étais bouleversé par ce qui venait de se passer. Plus que ce que je ne l’avais admis jusque là. J’avais une soudaine impression de vide. Et j’espérais que je n’étais pas seul. Que je ne devenais pas fou, qu’Ash pouvait m’aider à comprendre.

Il y aurait de nombreux dommages collatéraux aujourd’hui. A commencé par cette plante, qui aurait pu être épargnée de ce triste destin, si Ash avait simplement ouvert la porte et n’avait pas écouté mes paroles. Mais c’était plus drôle ainsi, non ? C’était le moment où il aurait pu m’en vouloir, mais non. Ash s’était contenté d’un “zut” pas rancunier. Définitivement, j’aimais déjà beaucoup ce gars. Il acceptait son destin sans poser de questions. On allait définitivement passer des heures ensemble à l’avenir. Ouais, c’était décidé. Je n’allais pas le laisser se dérober aussi facilement.

J’ai toujours quelque chose à dire, ce n’est pas possible de faire taire Puck. Mais là, extinction totale. Une coupure avec la réalité. Si soudaine que, pendant un instant, je restais comme un imbécile, planté là, à me demander ce qui venait de se passer. Pour le coup, même Ash avait arrêter de rire ou de faire quoique ce soit d’amusant (ou de débile, au choix). A mon ‘retour’ il était en train de me secouer par les épaules. Ok, c’était bizarre ça. Apparemment, j’étais le seul à avoir vu ce que j’avais vu. Pas rassurant du tout les gars.

- Nan, nan, pas du tout, il y a eu un flash et… Je crois que même les toilettes ne sont pas aussi immaculés que ça. Je te jure, c’était trop bizarre… Il y avait une fête, j’étais au milieu et c’était comme une sorte d’illusion, mais en même temps, je sais que c’est arrivé ? Que ça sort pas de nulle part, tu vois ?

C’était sûrement la pire explication du monde. Désolé, je viens de me réveiller. Et c’était perturbant comme expérience, vous êtes marrant vous. Je restais un moment sérieux et perplexe avant de soupirer et hausser les épaules.

- En tout cas, ça avait l’air d’être une super soirée. Peut-être celle qui nous a mis dans cet état ! Bon tu veux retourner aux toilettes ou on visite le reste de cette… Maison, endroit, je sais pas quoi.

Pour le moment, je préférai mettre cet événement de côté et y repenser plus tard. Le raisonnement que je venais de faire semblait le plus logique. Et pourtant, j’avais la sensation que cette “illusion” remontait à bien plus loin que hier soir. Dans tous les cas, je ne laissais pas de temps à Ash pour s'apitoyer sur mon sort. Je retrouvais mon sourire, mon énergie, pour me lancer dans un couloir, choisi au hasard. On verra bien où ça nous mène.

C’était chelou cette histoire d’hallu’. Pas rassurant du tout même. Pourtant, quelque chose me disait… non, plus une sensation, comme si je venais d’emboîter une pièce du puzzle. Mais d’un puzzle de mille pièces, donc on était pas de là de voir ce qu’il représentait. Et le fait qu’Ash n’ai rien vu n’avait pas grand chose de rassurant, quoique… Quelque part, si, ça aurait été étrange qu’il ressente la même chose ? Je sais pas trop comment expliquer ça dans l’immédiat. Décidément. Curiouser and curiouser.

- Ouais, c’était chelou, mais ça va, je crois.

Je ne me sentais pas si mal que ça, alors ouais. On pouvait dire que ça allait. Puis ce n’était pas la seule chose étrange que nous avions à gérer pour le moment. J’essayais de remettre mes pensées en place. Un silence s’installa, pas vraiment gênant. Tout du moins, pas de mon côté. J’avais trop de choses à l’esprit pour songer à ma situation sociale. Et je crois qu’Ash avait bien comprit que j’étais un peu bouleversé par cette apparition soudaine. C’était sympa de sa part que de me laisser le temps de digérer tout ça. Franchement, j’aimais bien ce type. Plus on passait de temps ensemble, plus je me disais que ce n’était pas tant un hasard qu’on se soit réveillés ensemble dans la même pièce.

Nous continuâmes notre explorations des lieux. Et toujours pas aucune âme qui vive, c’était étrange. Comme s’il avait lu dans mes pensées, Ash releva ce détails.

- Justement, c’est ce à quoi je pensais. Tu crois qu’il y a que nous ? Ca ressemble a un bâtiment administratif quand même ce truc. Et c’est tellement propre. Il doit bien y avoir quelqu’un pour faire le ménage.

C’était la meilleure théorie que j’avais sur le sujet pour le moment. Ou alors on était dans une sorte de maison hantée. Ou magique, je ne sais pas trop. A ce stade, je crois que je m’attendais à tout et à rien. Pour le coup, je ne faisais pas trop le malin. Si l’aventure m’excitait, en terrain inconnu, je préférai être prudent. Aussi, ce n’était pas plus mal qu’Ash ouvre doucement la porte. Vu le calme qui régnait ici. On ne pouvait pas savoir ce qui se cachait de l’autre côté. Déjà, il semblait que la porte menait vers l’extérieur. Il faisait soleil, on pouvait voir la lumière s’infiltrer. Puis.. en fait, la déception. Pas de monstre, rien. Si ce n’est un petit jardin, enfin une sorte de place quoi. Banal.

J’étais presque déçu en fait. D’ailleurs j’affichai une grimace pour montrer mon désappointement. Ash tenta de hurler, mais pas de réponse.

- Oh putain, quel ambiance quoi. J’espère franchement qu’on est pas tout seul, parce que sinon le temps va être long… Quoique… Il y a bien moyen de trouver à s’amuser. Il y a toujours moyen. C’est pas possible qu’il n’y aie personne du tout.

Un sourire s’afficha à nouveau sur mon visage, signe que j’avais une nouvelle idée. Je me tournais vers Ash.

- Hey, ça te dit, on fait la course jusque là bas ?

Je désignai un point du doigt, ce qui semblait être l’autre côté de la place et le début d’une rue. Possiblement commerçante. Ca pouvait être drôle avec le petite jardin, les bancs et tout ça faisait des obstacles. Je me mis en position comme un coureur professionnel qui attendait le signal de départ.

Je ne sais pas combien de temps nous avions dormis, mais ça me faisait un bien fou de courir. Et en plus, Ash était partant, on rigolait bien. Enfin, je pensais que je rigolais bien… Jusqu’à ce que Ash, se prenne les pieds dans celui d’un banc et pff… Je hurlais de rire. Malgré la distance, j’étais sûr qu’il pouvait m’entendre. C’était tellement épique cette cascade. Comment j’étais censé m’en remettre un jour ? S’il était possible de réellement mourir, c’était sans doute là ce que le destin me réservait. Heureusement, il y avait cette histoire de course, pour me pousser à ne pas me laisser trop aller aussi. Attendez, je n’allais pas abandonner aussi vite.

J’avais tout de même hésité à venir en aide à mon nouvel ami, mais il s’était relevé tout seul comme un grand et avait continué de courir. Bon, s’il le faisait c’est que ça n’allait pas si mal. Mais avec une telle chute il avait prit du retard et… Et il s’avérait que je courais plutôt vite. Pas une mauvaise chose à savoir, ça. Ash arriva quasiment en même temps que moi et en le voyant grimacer, je me remis à rire. Malgré que je sois à bout de souffle :

- Oh gars, mais comment tu as survécu jusque là ? Ce pauvre banc…

Je fini par me remettre de mes émotions, notamment parce que j’avais besoin de respirer. Je n’avais pas l’intention de mourir juste à cause d’un manque d’air, ce serait assez bête tout de même.

- Mais ça va, pas trop mal ? T’es dans un sale état quand même. Avec tous les bâtiments qu’il y a là, il y a peut-être moyen pour qu’on trouve de quoi de rabibocher un peu.

L’endroit ressemblait en tout point à une ville. Avec des petits commerces, même si la plupart semblaient à l’abandon. Le bâtiment qu’on venait de quitter devait être la mairie. Et malgré le fait qu’il soit désert, il était meublé et tout. Alors peut-être qu’il y avait d’autre endroit de la sorte. J’allais commencer à explorer la zone quand je me rappelais de l’état de mon camarade.

- Ca va aller pour marcher ? Sinon tu peux t’appuyer sur moi.

Je tendis une main vers lui pour lui proposer mon aide. Je ne l’obligeais en rien. Mais ce serait tout de même bête qu’Ash se retrouve encore plus abîmé qu’il ne l’était déjà. Suite à sa réponse, nous nous mîmes en route. Dans une direction choisie un peu au hasard. Il y avait un bâtiment qui ressemblait à une pharmacie, mais fermé. Et il semblait vide. Alors nous avions continué jusqu’à quitter ce qui semblait être le quartier commercial pour se retrouver dans une longue rue pleine de maison parfaitement identiques. C’était un peu flippant.

- Wahou, les gens manque un peu d’originalité dans le coin. Mais putain, ça à toujours l’air aussi désert. Pourtant… Il y a des noms sur les boîtes aux lettres…

De plus en plus étrange cette ville. Je me demandais ce qu’Ash en pensait. J’espérais que son genoux n’était pas en train de le tuer à petit feu, parce que, pour le moment, nous n’avions pas croisé d’hôpital et j’étais assez peu certain de mes talents d’urgentiste.

Cette course m’avait rempli d’adrénaline. Pourtant, derrière ces fou-rire, je me faisais quand même du souci pour Ash. Je m’étonnais moi-même d’être aussi préoccupé par son état, alors qu’on se connaissait depuis quoi ? Une heure ? Et encore… Sérieusement, depuis quand je me prend la tête pour ce genre de petites choses ? Je ne parle pas là de la blessure d’Ash hein, mais bien de mon comportement. Je n’étais clairement pas né hier. Pourtant, c’est la sensation que j’avais avec cette tête vide de souvenir. Mais c’était une bonne raison pour reprendre tout à zéro et en profiter pour s’amuser sans réfléchir !

- Ah ouais, c’est pas cool. Quoique, si, ça donne un style à ton jeans.

Ca me semblait cool un jeans à trou, de quoi rendre sa garde robe plus originale. Tiens, en parlant de ça. Je me demandais s’il y avait de quoi se changer. Pas que je trouve qu’Ash ou moi avions besoin d’une nouvelle tenue. Mais ça allait devenir problématique si on devait passer du temps dans cette ville. D’ailleurs, toujours pas un chat en vue. C’était un peu flippant cette affaire. Man, j’avais tellement envie de courir dans tous les sens pour découvrir les moindre secrets de cet endroit ! Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il fallait s’occuper de Ash. Il allait gambader moins bien avec une plaie pareille. Il ne faudrait pas que ça s’infecte non plus.

Je regardais mon camarade s’asseoir sur un banc pour enlever les graviers de sa blessure en m’assurant que ça allait aller. Une pharmacie ? C’était une bonne question ça. Je jetais un regard aux alentours. Mais rien ne ressemblait à une telle boutique. Tout semblait fermé. Super, on était pile arrivé un jour férié. Non mais à tous les cours c’était ça. Et ça se trouve, il était genre sept heure du mat’ et donc tout le monde faisait la grasse mat’, d’où le calme. Mais je n’eus pas le temps de prononcé le moindre mit à ce sujet qu’Ash se relevait déjà en grimaçant.

- Je suis pas un expert, mais si tu dis que ça va aller… Je me ferais un honneur de vous servir de béquille mon cher ! Je supporte comme personne, tu verras.

Je souris à Ash, que je pouvais sûrement appeler mon ami désormais. Après toutes ces péripétie, il méritait bien ce titre. Je lui tendis un main qu’il attrapa et je l’aider à placer son bras autour de mes épaules. Il n’était pas si lourd que ça, ça ne devrait pas être trop difficile de le supporter. Enfin, sauf si on devait faire des kilomètres pour trouver un endroit pour le soigner convenablement. Et c’était pas gagné. On était arrivés dans une rue où toutes les maisons avaient la même gueule.

- Vivre ici ? Na, je crois pas. T’as vu ces maisons ? Pas possible que…

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’Ash vint me contredire. Mon nom, sur une boîte aux lettres ? Je tournais la tête pour constater qu’il avait raison. C’était donc ma maison ? Je levais la tête vers le bâtiment parfaitement identique à ses voisins. Vraiment étrange tout ça.

- Bah écoute, si c’est chez moi, oui rentrons, personne ne nous dira le contraire.

C’était étrange que ce nom soit écrit sur la boite au lettre, alors que j’étais presque persuadé quelques secondes plus tôt de l’avoir choisi moi-même. Ou alors ce n’était qu’un leurre de ma mémoire ? Qu’il s’agissait vraiment de mon nom, juste vu que j’avais la tête dans tout ses états, j’en avais douté. Puis ça sentais un peu le piège non ? Je regardais la blessure d’Ash. Ce dernier du sentir mon inquiétude et m’assura que ça irait.

- Ouais, j’aime pas trop ça quand même, mais t’as raison. Je dois bien avoir quelque chose pour sauver un ami en peine ! Pas mon genre de laisser tomber les potes !

Je retrouvai mon sourire et entraînai Ash à l’intérieur. C’était quand même une bien belle baraque ça. Même si je n’en avais aucun souvenir, je me sentais déjà presque à la maison. Comme quoi, on ne peut pas tout effacer. J’aidais Ash à s’asseoir sur une chaise de la cuisine avant de lui dire :

- Bon, normalement, si je suis pas trop con, je dois bien avoir un kit de premier secours quelque part. Attend là…

De toute façon, Ash n’allait pas partir en courant avec sa blessure. Par instinct, je dirais qu’un tel kit serait rangé dans la salle de bain. Après avoir ouvert quelques pièces, je trouvais ce que je cherchais. Et étonnamment je n’eus pas trop de mal à trouver le kit en question. Soigneusement rangé dans une boite blanche marquée d’une croix rouge. Pas trop de doute possible. Je retournais auprès de Ash, avec mon graal entre les mains.

- Je vais te retaper en moins de deux, tu vas voir !

Sans attendre, je posais la boîte sur la table et l’ouvris. Sans trop de mal, je trouvais une compresse, du désinfectant et des pansements. Je ne laissais pas le choix à Ash et m’occupait de sa blessure. Peut-être que je me sentais un peu coupable quand même. Une fois le pansement terminé, je lui adressais un sourire victorieux :

- Et voilà ! Alors, c’est qui la meilleure des infirmières ? Tu veux boire un truc ? Cette course m’a achevé aussi !

Accompagnant mes paroles de geste, j’ouvris le frigo en pensant qu’il serait vide. Mais non. Plein, comme un oeuf le bazar !

- Woh ! Ash regarde ça ! On dirait que quelqu’un à fait les courses ! Attend, alors soit je m’en rappelle pas soit… Tu crois que quelqu’un d’autre vit ici ?

Soudainement, je ne me sentais plus tant que ça chez moi. C’était bizarre. Mais en tendant l’oreille, là, pas un bruit. Je pris une bouteille d’eau, servi deux verres et en donnait un à Ash avant de m’asseoir sur une chaise en face de lui.

- C’est tout de même étrange tout ça.

Je lâchais un soupir. J’espérais que tous les jours ne seraient pas comme ça, sinon on allait vite tourner en rond. Heureusement, je n’étais pas seul, au moins il y avait Ash et c’était un bon gars, il y avait moyen qu’on rigole bien tous les deux.