Te deus La bataille des dieux

Il s'en est passé des choses à Amnesya. La neige est arrivée, puis repartie, amenant derrière elle un printemps doux qui a permis à la ville de prospérer. Les récoltes qui arriveront d'ici quelques semaines s'annoncent déjà comme étant excellentes.

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Te Deus
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- TE DEUSFORUM mythologique · AVATARS Réel · 200*320

Amnesya, la ville où personne ne se souvient de rien. Tout est bâti, les maisons, les commerces, ils demeurent pourtant étrangement vides. C'est à vous de peupler ce monde comme il se doit, à vous de vous trouver une spécialité, un domaine qui pourra être utile à la communauté, ou qui pourra au contraire interférer avec cette dernière...Lire la suite

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01.09.21Un nouvel event mais aussi une nouvelle intrigue, Te Deus ré-ouvre ses portes après de nombreux travaux ! N'hésitez pas à rejoindre l'aventure !
15.07.20Ouverture officielle de Te Deus, venez nombreux !
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Le cabinet d'Edda
Anonymous
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Mer 22 Juil - 23:57
Blop une intro arrive <3

Je vais poster principalement des écrits ici, notamment la nouvelle/le bidule que je suis entrain d'écrire <3
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Anonymous
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Mer 22 Juil - 23:58






Decembre 2099


Chapitre 1 : L'arbre mort
03 Mai 2068

La politique de l’enfant unique entre en vigueur pour tout l’état de Limart, tout enfant second sera exécuté par l’ordre de la paix. Chaque parent cachant une naissance illégale sera entendu par le tribunal de la protection humaine avant d’être exécuté par l’ordre de la paix.
L’humanité avancera soudée. L’humanité triomphera unie.


Au milieu des nuisances de la ville, entre le vrombissement des moteurs à essence et le bruit sourd des hélicoptères, à l’heure où tous les habitants de Lyon sortent du travail, agacés par une nouvelle journée de quinze heures sous le nuage noir de l’activité urbaine, le cri d’une femme mit tout le monde en alerte. Elle était au bord de la Saône, les genoux au sol, quand sa voix vint rompre le chant disgracieux des machines tel un éclair fendant le ciel. Elle souffrait, criant à l’aide entre deux quintes de toux, regardant les passant s’enfuir en courant pour se réfugier dans les sanitoriums les plus proches.

Voilà sept ans que les kiosques de journaux avaient cédé leur place à ces cabines blanches qui ornaient à présent les rues de la métropole. Elles faisaient deux mètres trente de haut pour un mètre et demi de diamètre, arrondies sur le dessus et vitrées sur toute la surface de la porte. Ces abris sanitaires étaient équipés d’un téléphone et d’un bouton d’urgence en cas de contact avec un malade, d’une ventoline et d’un masque à oxygène, ainsi que d’un système de brume désinfectante. Chaque bloc se composait de trois cabines et se trouvait à moins de dix mètres du précédent. Des bunker miniatures dans lesquels tous se ruaient à chaque signe du virus mortel.

A vingt mètres de la femme agonisante, Egan venait de trouver refuge dans la dernière cabine de la zone. C’était un étudiant de vingt-huit ans vivant à l’autre bout de la ville, il avoisinait le mètre quatre-vingt mais son corps à la Giacometti lui faisait en paraître presque dix de plus. Il cachait sa mâchoire carrée et ses joues creuses sous une barbe clairsemée quand à son front jugé trop grand, il disparaissait derrière des boucles rousses. Son visage se faisait dévorer par de larges lunettes noires aux verres anormalement épais dissimulant ses grands yeux vert-d’eau constamment rougis. Prit de panique, il glissa son pass dans le lecteur d’une main tremblante. Cette année, c’était la seconde fois qu’il faisait face au virus, le précédent contact étant le décès de sa soeur.


Loa avait sept ans de moins que lui, leur mère avait accouché dans l’illégalité suite à la loi Roucher passée en 2068. Ils vivaient à l’époque dans un des dernier villages encore en activité, là où les gardiens de l’ordre étaient peu présents, venant simplement faire des contrôles bi-mensuel dans les maisons pour calmer les révoltes. Le gouvernement de Limart était en place depuis 2066, un régime totalitaire qui contrôlait la France, l’Allemagne et le nord de l’Italie. Le père d’Egan était décédé lors des guerres de citoyenneté en 2080, sa mère l’avait suivi un an plus tard, emportée par la violence d’un gardien. Ses derniers mots furent pour Egan : “Protège la, fuis, va-t-en.”. Il avait prit Loa par la main et ensemble ils s’étaient enfoncés dans la forêt, cet espace interdit où la nature reprenait ses droits, se transformant au fil du temps pour s’adapter aux rivières d’encre qui dessinaient l’histoire lugubre d’une humanité ayant perdu le contrôle. Ils tachaient leurs bottes du magma carmin de la terre en putréfaction, derrière eux aboyaient les chiens de garde du président Brikean dans leurs gilets renforcés, leurs larges bottes à propulsion et sous ces casques noirs menaçants qui hantaient les rêves du garçon. Quand Loa n’arrivait plus à avancer seule, Egan la portait sur les épaules. Ils étaient dans une course contre le temps, fuyant le prédateur de la mort, cherchant un refuge où se terrer pour survivre un jour de plus, du moins si l’hiver ne les emportaient pas avant le lever du soleil.

Les voix graves et énervées des gardiens étaient de plus en plus claire, signe que la mort les rattrapaient. Il n’avait plus d’autre choix, Egan devait cacher sa soeur quelque part, c’était la dernière volonté de leur mère. C’était pour elle qu’ils devaient survivre à l’hiver, aux gardiens et à cette vie solitaire qui les attendait.


Devant eux se dressait un arbre mourant. Sur le tronc coulait une sève noire, poisseuse, qui emportait avec elle des bout d’écorces pourris. Les branches étaient presque nues, seules quelques feuilles agonisaient encore en attendant la délivrance de l’ultime plongée vers l’abîme terrestre. Egan voyait entre les racines un gouffre s’enfoncer dans les profondeurs de la Terre, un passage vers les enfers qui pouvait leur sauver la vie comme la leur prendre. La réflexion fût brève, il n’avait plus le temps d’hésiter, les gardiens arrivaient : Loa passa la première et il glissa derrière elle, emportant dans sa chute une pluie de feuilles mortes, blanchies par la cendre toxique qui hantait les forêts depuis plusieurs semaines. Ils n’avaient pas le droit de tousser, pas le droit de parler. Un faux pas et les gardiens les trouveraient. Dans leur malheur ils avaient une chance : depuis l’apparition de cette poussière dans les bois, les chiens policiers mourraient asphyxiés, les pattes brûlées et le regard blanchi par les tumeurs. Seuls les humains, les oiseaux et quelques animaux sauvages robustes semblaient encore résister, non sans mal, à cette maladie mortelle. Les enfants se collaient l’un à l’autre entre les racines filandreuses qui se collaient à leurs vêtements, des secrétions acides brûlant le tissus de leurs manteaux. Ils avaient peur. Au dessus d’eux, les pas lourds de leurs chasseurs faisaient trembler la terre et au loin il pouvaient entendre la douce mélodie d’un cours d’eau. Pareil à une sirène, le Styx les appelaient à lui pour les enlacer de ses courants glacés, pour leur offrir l’ultime étreinte de la mort.

“Comment allons-nous survivre ?” se demandait Egan, effrayé par les gardiens, effrayé par les vents glacés venu du coeur de la Terre, effrayé par lui-même. Avec sa main gauche il cachait la bouche de Loa qui gémissait, tenant devant eux un amas de racine avec la droite.

“Ils ont dû partir par là capitaine !” rugit l’un des brigadiers en se penchant au dessus du trou. Le coeur d’Egan s’emballa. Crispé, il resserra son bras autour de Loa qui s’empêchait de pleurer. Un faisceau de lumière leur fit voir la terre gorgée d’eau noire autour d’eux et des dizaines de rats en décomposition se faisant dévorer par d’énormes vers rouges. Un haut le coeur prit les enfants en même temps quand l’odeur de la mort s’engouffra dans leurs poumons.

“Lassez tomber Ronan, s’ils sont entré dans l’arbre malade alors ils doivent déjà être morts… Pauvres gosses, crever pareil à des lapins. On rentre. Gloire à la vie.”

La dernière phrase fut reprise en coeur par les gardiens avant de rebrousser chemin. bientôt, le fracas des bottes métalliques et des propulseurs à gaz laissa la place au silence, le silence lourd et rassurant qui vient après la tempête. Soulagé d’avoir survécu à la battue, Egan s’endormit lové contre un épais bout de bois mort, Loa agrippée à son cou.


Au matin, c’est la douleur du gel au bout de ses doigts qui le tira d’un songe cauchemardesque. En ouvrant les yeux il voyait encore le visage ensanglanté de sa mère l’accusant de l’avoir abandonné, il voyait le gardien de ses rêves la frapper encore et encore avant de la livrer aux vers, le forçant à regarder celle qu’il aimait le plus au monde se faire dévorer vivante. Il voulait baisser les bras, mourir ici. Mais le front de sa soeur, collé contre son torse, était brûlant et lui peinait à respirer. Il ne pouvait pas abandonné, il se l’était promis. Prenant appui contre la paroi, il se redressa, cherchant la direction du ruisseau.

“La maladie des arbres.” gémit-il “Loa, on doit avancer.”

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Chapitre 2 : Souvenir des Terres
19 Octobre 2090

Le plan Sanitaire des Acropoles Ordonnées de Limart est voté à l’assemblée dictatoriale. Chaque cité se verra équipée du matériel nécessaire pour parer à la propagation de spores toxiques. Chaque cité sera débarrassée de ses arbres et buissons en prévention. Chaque cité verra les capacités d’accueil de ses hôpitaux doubler. Tous les citoyens seront testés à leur domicile à compter du 25 Octobre 2090. Toutes les rues principales seront équipées de bunkers sanitaires. Toute menace pour l’humanité sera supprimée.

L’humanité avancera soudée. L’humanité triomphera unie.

Gloire au président Brikean.

“Bonjour monsieur, vous êtes bien Egan McCreary ? Pouvez-vous me donner votre date de naissance ainsi que votre matricule.” La femme à l’autre bout de l’interphone avait une voix douce et chaleureuse, c’était surement pour cela qu’elle était au service des admissions. Il bégaya le 23 juin 71 et suivit avec son matricule : 01-05-310-06-004-13-12-762. Homme, Sud-est, numéro de village, organisme résistant , nombre de délits mineurs, nombres d’Acropoles autorisées, Etudiant, Note citoyenne. Ils étaient tous une succession de chiffres, évoluant avec le temps selon la condition sociale, le nombre de bons points accumulés au cours du mois ou tout un tas d’autres critères mis en place par le gouvernement pour définir les individus et les parquer dans des box. Il était une personne moyenne, peu considéré à cause de son statut d’étudiant. Il avait un accès gratuit aux premiers soins car son cursus l’amenait au grade de scientifique, troisième place de l’échelle sociale. Il étudiait les pandémies : depuis les grandes pestes de l’ancien millénaire jusqu’aux épidémies modernes apparues dans les années 2000… Et bien sûr cette étrange maladie venue des arbres quand il était enfant. On l’appelait “La maladie des cimes”, elle était née dans les forêts de pins : une sève noire suintait de l’écorces des arbres, rendant malade les animaux. Ensuite ce fut le tour du sol, comme pourrie par les arbres il devenait boueux et irritait la peau. Trois semaine plus tard, les feuillages se couvraient d’une poudre blanchâtre et les forêts se retrouvaient perdue dans une brume de spores toxiques, tuant les créatures les plus faibles. Aucun remède ne semblait fonctionner, les campagnes étant déjà grandement abandonnées, leurs habitants furent invités à rejoindre les villes et bientôt le voile de la mort s'immisçait sous les portes des demeures en ruines. Les scientifiques n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur son origine, nombreux étaient ceux qui pensaient à un empoisonnement des eaux et des sols par l’activité industrielle intensive couplée à des fuites importantes dans de vieux réacteurs nucléaires. Mais cela n’était valable que pour l’état de Limart, hors la maladie des cimes touchait la planète entière : de l’Océanie jusqu’aux îles Diomède. Des chercheurs russes mettaient en cause le conflit nucléaire entre l’ancienne Corée du nord et les USA. Tout cela n’était pas contradictoire, bien au contraire. La chimie des sols s’en était vu affectée et les écosystèmes semblaient s’adapter. Mais la maladie des cimes était apparue soudainement, de façon homogène sur tout le globe et son évolution fut brève: quelques semaines seulement. Selon des instituts de biologie privés, l’humanité faisait face à un message de sa planète hôte, le temps qui lui était accordé arrivait à son terme et il fallait laisser la place à un nouveau règne. Une stratégie ingénieuse que la Terre mettait en oeuvre : l’Humain l’avait polluée, avait puisé ses ressources et l’avait étouffée sous un nuage noir. Elle retournait alors ses toxines contre lui, l’éliminait sous un nuage laiteux.

Des hypothèses qui s’accordaient sur un point : le berceau de l’humanité lui devenait hostile. Des missions spatiales terraformaient la Lune, détectaient des exoplanètes et un projet de colonisation de Mars avait récemment vu le jour. Mais tout cela était encore loin et l’Humain devait survivre assez longtemps pour partir. Il luttait contre son ennemie, depuis longtemps son savoir avait prit le dessus sur la nature et il tenait à le conserver. Pour Egan la Terre ne cherchait pas à détruire l’humanité, toutes les espèces animales étaient touchées -bien que les volatiles semblaient encore résister- et certains individus présentaient des mutations génétiques. Ils faisaient face à une nouvelle extinction de masse, une hécatombe ayant vu le jour à la fin du vingtième siècle, et seul ceux que la Terre choisirait serait épargnés pour reconstruire ce qu’il aimait appeler “la civilisation du vivant”. Il avait tant perdu : ses parents, sa sœur, son village. Il avait perdu le goût en étant exposé aux spores et sa vue avait été fortement diminuée à cause de l’irritation.


“Monsieur McCreary, je vous invite à regagner votre domicile après le passage des gardiens de l’Ordre de la Paix. Gloire à la vie.” elle marqua une pause comme la coutume le voulait et reprit “Vous êtes un Résistant, alors à l’avenir nous vous prions de ne pas faire usage des sanitarium. Etant donné votre passé, nous ne vous retirerons aucun point aujourd’hui, prenez seulement ceci comme un avertissement. Bonne journée à vous et n’oubliez pas : L’humanité avancera soudée. L’humanité triomphera unie.”


Une note chantante retentit dans la cabine, Egan souffla longuement sur son poing serré. Perdre des points était un risque trop grand à son niveau, lui fermant les portes de son doctorat et remettant en cause tout son cursus. Le visage de Loa lui revint à l’esprit, son sourire angélique et ses grands yeux pétillants. Ils pensaient qu’elle aussi était une résistante, qu’elle allait pouvoir vivre encore de longues années, cachée certes, mais la vie en avait décidé autrement.


L’appartement d’Egan se trouvait à la bordure de Lyon, au nord. Il logeait un deux pièce dans les nouvelles constructions : des bâtiments conçus pour accueillir les réfugiés des campagnes et filtrer l’air entrant dans la ville, des barres d’immeuble s’étendant sur la largeur et sur la hauteur. Il avait un salon rectangulaire, meublé de plexiglas et d'aluminium, une cuisine standard et une chambre vitrée arrondie donnant sur les terres désolées de l’extérieur, lui rappelant chaque matin le passé horrifique qui venait de hanter un sommeil agité. Loa vivait avec lui. Pour l’état de Limart, il était bien Egan Mccreary, un garçonnet ayant fugué après la mort de sa mère et n’ayant refait surface qu’à ses dix-huit ans. Mais d’après les registres il avait fuit avec Eliane Vally, une petite fille de son village également portée disparue. L’enfant était décédée deux jours avant la descente des gardiens à Reyrieux, son père s’était donné la mort après avoir caché le corps dans les profondeurs de la Saône et sa mère avait quitté ce monde lors de la couche. Quand il fut interrogé, Egan confirma cette version de l’histoire : il avait prit peur en voyant sa mère se faire battre, lui et Eliane avait fuit dans la forêt et avait erré plusieurs jours avant qu’elle ne succombe à la maladie. Personne ne devait savoir pour Loa, s’il l’avait laissée aux mains des gardiens à l’époque il aurait été sauvé, mais aujourd’hui c’était la peine de mort assuré pour les deux. Si encore donner sa vie permettait à sa soeur de vivre… Mais il n’en était rien.

Pendant qu’il était entendu par les forces de l’ordre, sa soeur se cachait dans les conduits d’aération de ce qui allait devenir leur nouveau foyer. Il y faisait chaud et humide, de larges tuyaux entrecoupés de grilles et d'hélices à travers lesquels Loa se frayait un chemin pour atteindre l’autre côté, celui où éclataient les rires des passants, celui où elle allait pouvoir côtoyer les vivants. Elle se brûlait régulièrement contre les anneaux de métal qui soutenaient la structure, aussi souvent que son frère dû raconter son histoire aux gardiens du poste.


“A mon tour gamin. Quelle est ton histoire ?”

C’était le septième homme à lui poser la question, Egan était dans cette cellule depuis presque vingt-quatre heures et n’avait eu ni de quoi manger, ni le temps de dormir. Il avait faim, sentait le loup et distinguait à peine la montagne de muscle qui se tenait devant lui. Il avait envie de pleurer, de s'effondrer. “On ne va pas y passer la nuit, répète moi ce que tu as dit à mes collègue tout simplement.” le gardien avait une voix brisée qui semblait lui déchirer la gorge. Le général Aven Connor était l’un de ces hommes à avoir développé le gène de résistance à force d’être exposé à la maladie. Lors des rapatriement de campagne, il était en tête des équipes chargées des malades. Il avait mené des batailles contre la résistance et si ses mains étaient tachées de sang, il n’en était que plus respecté. Il avait le visage durci et vieillit par les coups, la mâchoire de travers et le blanc de ses yeux clairs virait au gris à cause des expositions, lui offrant un regard énigmatiques et déroutant. Il lui manquait deux doigts à la main droite et un bout de l’oreille gauche. Sans son uniforme il aurait plus ressemblé à une bête de foire qu’à un militaire et Egan aurait surement été moins impressionné par lui.

“Tu es Egan Mccreary c’est bien ça gamin ?” il marqua une pause, laissant l’adolescent hocher la tête. “Tu viens de passer huit ans à errer dans le milieu le plus hostile que l’homme n’ai jamais connu. Je ne sais pas comment tu as survécu tout ce temps, mais rien que pour ça tu as mon admiration.” Egan avait les larmes qui lui montait au yeux pendant que le gardien faisait des tours dans la pièce. “Si tu me racontes la même histoire que tu viens de raconter à mes six collègues, sans changer de version, je m’assurerai que tu ai un repas chaud dans le ventre dans l’heure et un oreiller pour dormir. Mais pour ça, il faut que tu collabore mon garçon d’accord ?”

Parmi les six gardiens précédents Egan avait eu à faire à des indifférents, à des hommes se sentant supérieurs à lui et même à un sadique qui semblait vouloir le torturé psychologiquement. Il avait tenu bon devant chacun d’entre eux, racontant toujours la même histoire. Il avait à présent en face de lui un homme qui semblait vouloir l’aider et pourtant il n’y arrivait plus.

“J’ai… je…” Egan se perdait en sanglots, n’arrivant plus à aligner deux mots. Le général Connor pesta et il sentit deux mains puissantes se poser sur ses épaules, huit doigts se resserrer sur son corps frêle lui arrachant un cri mêlant la stupeur, la crainte et l’effroi.

“Une dernière fois. Egan, une seule fois et je t’assure que tu n’auras aucun problème. Mais il faut que tu me raconte ton histoire, maintenant. Sinon tu aurais mieux fait de crever dans cette forêt quand tu le pouvais encore crois-moi.” le général Connor était autoritaire, la sympathie dans sa voix avait laissé la place à une étrange impatience. Egan ne comprenait pas pourquoi, mais l’homme qui lui faisait face voulait l’aider. Il le distinguait enfin, leur visages étant si proche qu’il pouvait presque en détailler chaque trait malgré sa vue défaillante. Il croisa son regard et commença son récit…


“ Lors de la descente bi-mensuelle des gardiens de l’ordre dans le village, ma mère s’est faite arrêté pour avoir refusé de coopérer, interdisant aux gardiens l’accès à la maison. Ils l’ont alors bousculé et elle a craché au visage d’un homme qui s’en est prit physiquement à elle.” “Pourquoi refusait-elle de coopérer ?” “On… Elle avait retrouvé le corps de monsieur Vally et n’avait prévenu personne. Elle avait dit qu’on pourrait élever Eliane plutôt que de l’envoyer dans un pensionnat, qu’elle aurait plus de chance de s’intégrer en société comme ça. Alors elle ne voulait pas que les gardiens la trouve chez nous.” “C’est pour ça que tu es parti avec la petite ?” Egan confirma d’un geste de la tête. “Je devais accomplir la dernière volonté de ma mère et protéger Eliane. Du moins je croyais. Alors on est parti en courant et on s’est caché dans un arbre, suivant le bruit d’un cours d’eau souterrain. On s’est endormi là et au matin Eliane était au plus mal… Elle m’a quitté dans la journée alors que nous étions encore au bord de l’eau.”

Il mentait et s’il se faisait prendre c’était la mort assurée. Son corps était tendu et sa voix déraillait. En temps normal cela l’aurait surement trahi, mais aujourd’hui c’était à son avantage, donnant à son histoire plus de crédibilité. “ J’ai passé des jours à errer dans la forêt ensuite, j’ai bu dans les ruisseaux et ça m’a rendu malade. Je n’ai pas manger car même les oiseaux n’approchaient pas les baies. Je ne sais pas quand, mais j’ai fini par arriver à Misérieux et j’ai trouvé refuge dans une maison où il y avait des boîtes et l’eau n’était pas coupée.” “Des boîtes ? De conserve ?” “Oui. J’ai passé quelques jours dans cette maison car elle était un peu éloignée du reste du village et donc les derniers habitants ne pouvaient pas m’y trouver. J’avais très peur, j’étais responsable de la mort d’Eliane et je savais que la mienne était proche si on l’apprenait. Puis j’ai entendu que des gardiens était dans le village alors j’en suis parti. J’ai continué de la sorte pendant des mois jusqu’à rencontrer une vieille femme qui m’a hébergé. Je ne me rappelle que de son prénom, Enna. C’est elle qui m’a dit que si j’attendais mes dix-huit ans pour regagner la ville, je… Les choses iraient bien. Elle m’a appris pendant plusieurs mois tout ce qu’elle savait de l’école et la maladie l’a emportée. J’ai passé les années suivantes à continuer de errer en gardant ses paroles en tête. Je ne pourrais plus les noms des villages que j’ai visité, je ne sais même pas comment s’appellent ceux que j’ai visité ces deux dernières années.”

“Car tu ne pouvais pas les lire c’est ça ?” Egan acquiesça “Bien. Ça concorde toujours, je ne t’en demanderai pas plus. Allonge toi là je vais te chercher à manger.” le général désigna du doigt une couche au fond de la pièce, un lit étroit couvert d’un drap de coton gris qu’Egan confondait avec le mur. Il cherchait du regard quelle direction lui indiquait le gardien qui comprit que la vue du jeune homme était bien trop basse pour qu’il ai pu survivre deux années ainsi. “Attends, viens.” il lui prit le bras de sa main handicapée et l’attira jusqu’au matelas pour qu’il s’y assoit. Egan senti sa mâchoire musclée râper sa joue et le souffle chaud de ses lèvres contre son oreille. “Essaie de faire semblant encore deux heures. N’oublie pas : tu n’as pas crever dans la forêt, c’est pas pour le faire ici.” sur ces mots, il partit commander une soupe et un morceau de pain.


Loa était une enfant futée, elle n’avait pas développé de handicape comme son frère et s’était occupé de les faire survivre lui et elle pendant les deux dernières années de sa vie. Elle s’amusait à penser que 10 ans était l'âge des responsabilités, qu’elle suivait les nobles traces de son grand frère. Deux ans plus tard, alors qu’il était retenu au poste de contrôle, elle poursuivait cette aventure épique qu’était sa vie depuis toujours. Elle n’avait quasiment aucun souvenir d’avant la nuit sous l’arbre, le visage de leur mère était de plus en plus flou dans son esprit et la vie sédentaire lui était inconnue. Comment allait-elle s’adapter à la vie en ville ? Allait-elle simplement pouvoir sortir de leur appartement s’ils en avaient un ? Egan lui affirmait qu’il réussirait à la protéger… Mais comment allait-elle le protéger lui ? L’espace d’un instant elle fut persuadée que fuir était la solution idéale : Egan n’aurait aucun problème par sa faute, elle allait continuer de vivre librement dans la campagne à la façon de mama Enna. De cette période de sa vie, Loa ne gardait que de bons souvenirs. Ils étaient libre, seuls face au monde avec cette vieille femme qu’elle affectionnait tant. Elle se voyait jouer avec son frère, apprendre aux côtés de cette femme qui savait tant de choses. Peut-être il y avait-il d’autres enfant dans les terres du pays qui avaient besoin eux aussi de quelqu’un. Elle pouvait être mama Loa, oui ça lui plaisait bien ! Pendant qu’Egan allait conquérir la ville, elle régnerait sur la campagne et à eux deux ils pourraient réparer la Terre.

La jeune fille avait oublié les attaques de loups en pleine nuit, les nuages toxiques qui s’élevaient des forêts lointaines, se ruant sur leur domaine comme une vague s’écrasant sur les plages australiennes. Elle n’avait plus en tête les nuits pourpres : ces soirs où les oiseaux devenaient fous, agressant toute créature leur faisant l’affront d’être en vie. Quand le nuage laiteux devenait carmin, ils devaient s’enfermer pendant trois jours dans la cave en espérant que le plancher résisterait une nouvelle fois aux becs affamés des prédateurs venus du ciel.

Tout ce à quoi Loa pensait, c’était vivre. Continuer d’être quelqu’un, d’être Loa Mccreary. C’est sur cette pensé qu’elle sombra dans le sommeil, adossée à la paroi du conduit d’aération du hall d’entrée d’un immeuble, plus proche de l’humanité qu’elle ne l’avait encore jamais été.
Codage par Libella sur Graphiorum

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Jeu 23 Juil - 0:08
Chapitre 2 à venir
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Jeu 23 Juil - 0:09
Chapitre 3
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Jeu 23 Juil - 0:09
Chapitre 4... Et le reste on verra après !
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Mar 28 Juil - 15:52
Un cadeau pour notre Maire heart
Le cabinet d'Edda Mayor10
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Sam 15 Aoû - 23:07
Car tout bon ship se doit d'avoir des avatars synchronisés Heart 1

Le cabinet d'Edda Canaan10
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Lun 31 Aoû - 8:24
Le cabinet d'Edda Avatar12


Joyeux anniversaire à notre Fonda d'amour Heart 1
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Lun 31 Aoû - 11:50
Le cabinet d'Edda Avatar13

Sur le même modèle, car elle dominera la ville un jour... Peut-être Heart 1
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Prudence
Prudence
Prudence

Par ici depuis le : 01/05/2020
Conversation : 508
Points : 362
Photo : Le cabinet d'Edda Tumblr_nj3jmxWCVC1smv9jio1_500
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FT. : Rick Genest
MES SONGES : 7/10
QUI SUIS-JE : Le cabinet d'Edda Tumblr_inline_pauaowxUmD1ryh2ep_500

De ce monde étrange je ne reconnais plus rien. Ni les arbres, ni les fleurs, ni les autres autour de moi qui m'offrent de doux sourires. J'ai peur, parfois, d'être le prisonnier d'un cauchemar que je ne maîtrise pas.
Doubles comptes : Poison - Joker - Anémone
Prudence
Lun 31 Aoû - 13:18
C'est superbe ! Encore merci ! heart
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