C’est fou comme les choses pouvaient aller vite à Amnesya, je n’avais presque pas vu passer ses élections ! Bon, possiblement parce que j’étais occupé à préparer cette soirée mémorable au bar de Prudence et qu’après et bien… Disons que j’en aie subi les conséquences. Mais, au moins, on s’était bien amusé. Enfin, je m’étais bien amusé et je crois qu’il en était de même pour les autres ? Notre dernière soirée en liberté. La la… Autant, j’aimais beaucoup Aloïs. Il était drôle comme type à rester tout seul dans sa morgue. Ou alors avec Estheban. Je me demandais ce qu’ils faisaient tous les deux, sans cadavre, avec tous ses outils. Je crois qu’Alphard y passait pas mal de temps aussi ? Etrange affaire à suivre.

Dans tous les cas, Aloïs était devenu monsieur le maire. Ce qui me faisait un peu râler. Je n’avais pas voté pour lui et pour personne d’ailleurs ! J’avais beau être un farceur, un sacré bout en train, comme dirait certain, je n’en avais pas moins fait mon devoir de citoyen. J’avais été attentif aux discours de chaque candidats. Et sincèrement, ils étaient tous tellement rasoirs ! Fini la belle vie à Amnesya ! Franchement, c’était quoi leur problème à vouloir nous instaurer des règles là. On vivait très bien sans ! Tout le monde était d’accord, on rigolait bien… Bref, je sens que cette élection allait briser l’ambiance.

C’est ainsi que, m’étais venu cette merveilleuse idée que d’aller discuter avec ce cher Aloïs. Une fois ma tournée terminée, je me dirigeais d’un bon pas vers la mairie. Normalement, il devrait s’y trouver, non ? Aucune idée, au pire s’il n’était pas sur place je trouverai bien un petit souvenir à lui laisser. Juste histoire de lui dire que j’étais passé et qu’il fallait qu’on parle ou… Non, en fait, j’avais envie de l’embêter d’une façon ou d’une autre, donc qu’il soit là ou pas, ça ne changeait pas grand chose au final. Je n’avais pas d’idée précise pour le moment, mais je me faisais confiance, je trouverai bien quelque chose sur le tas.

J’ouvris la porte de la mairie, plein d’entrain pour ne plus rien comprendre. J’eus l’impression de me prendre un mur, ou plutôt quelqu’un. Un truc dur quoi. Je n’eus même pas le temps d’analyser la situation que le type m’attrapa à la taille pour… Je sais même pas, une tentative de meurtre ? Ou alors une sorte de remake d’une chorégraphie de danse tiré d’un film romantique ? Mais clairement raté pour le coup, parce que nous fîmes une belle chute dans les escaliers. Ca c'était de la chute. Une fois au sol, je commençai à rire. Je crois que je n’avais jamais descendu d’escaliers aussi rapidement. Ce type était un grand malade, c’est fou ça !

J’allais exploser de rire, je vous jure, mais l’autre type revenait déjà à la charge. Je n’avais pas bougé qu’il me plaquais déjà au sol. Enfin j’eus un peu de temps pour l’examiner. Un beau blond aux yeux bleu. Qui, clairement, avait une carrure plus impressionnante que la mienne, mais cela ne m’empêcha pas d’essayer de me débattre. Sait-on jamais. Puis je savais que ça pouvait énerver certaines personne. Quoique le mec, avait déjà l’air pas mal en boule. Oh que ça allait être drôle. Et voilà qu’il se penchait pour me susurrer des mots doux à l’oreille.

- Ouh, j’ai l’impression que les choses vont un peu vite entre nous, chéri. Tu ne veux pas qu’on aille boire un verre d’abord ?

Est-ce que ce n’était pas la meilleure façon de se faire exploser la cage thoracique ? Ca ferait enfin un peu de boulot à la morgue.

- Ok ok ! Me tue pas s’il te plait ! J’en sais rien ce que tu fais ici. Personne sait. On a tous été catapulté là. Enfin pas vraiment catapulté, parce que sinon, je crois qu’on aurait les os en vrac.. Tu viens de te réveiller et tu te souviens de rien, c’est ça ?

Je n’étais pas si paniqué à vrai dire. Peut-être un peu stressé, mais surtout curieux d’en savoir plus sur mon interlocuteur. J’aimais bien voir un peu quel genre de zigoto nous arrivaient. Peut-être qu’un jour on saura tous pourquoi on est là.

C’était merveilleux, cette réaction. Furtive, mais je l’avais bien vu. Ce petit sursaut de sa paupière suite à ce petit surnom affectueux. Oh toi, t’en avais pas fini de m’entendre t’appeler chéri. Ou tout autre truc mignon qui me venait à l’esprit. Il ne fallait pas me provoquer. Comment ça, il ne m’avait pas provoquer du tout ? Il avait réagi, c’était déjà bien assez. Puis, ce n’était pas méchant au contraire. Juste de l’amour qui déborde et que je me devais de lui transmettre d’une façon ou d’une autre. Je sais, vous voyez clair dans mon jeu et vous savez que c’est juste parce que le foutre sur les nerfs me fait rire.

Quoique, j’allais peut-être revoir mon sens de priorité. Ce mec était un malade. Je n’avais rien demandé à personne, j’étais sympa et… CRACK ! Il m’a déboité le coude ! MON COUDE ! Non. Je crois que vous l’avez pas. Il m’a. Déboîté. Le. Coude. Ca fait mal ! Et comment j’allais me servir de mon bras ? Il était taré. Je sais pas si ça me faisait l’aimer plus ou moins en fait. Bon au moins après mon petit discours, j’étais toujours en vie. Il semblait vraiment étonné, perdu. J’avais visé dans le mille. C’était un petit nouveau.

Et le gars quoi, même pas il me répond. Juste, il se relève, me lâche et il se casse en râlant. Pff, il allait bien s’entendre avec Aloïs celui là. Non mais il allait pas partir comme ça ! Ni une ni deux, je me remis sur mes pieds et partis à sa suite, avec mon bras pété là.

- Oh hey ! Tu vas où ? Besoin d’un coup de main ? Quoique ce se serait plutôt à moi d’en demander un…

Je regardais mon bras déboîté en grimaçant.

- Tu sais le remettre en place ? J’en ai besoin. Et je répond à toutes tes questions après. Enfin je t’explique ce qu’on fout là. Ou au moins ce que j’en sais.

Ca me semblait être un bon deal. Il n’allait pas refuser tout de même. Allez, pour une fois que je fais un effort pour être franc et ne pas lui tendre un piège.

- D’ailleurs, moi c’est Puck ! Je t’aurais bien serrer la main, mais… Voilà quoi…

Je regardais mon bras qui me faisait toujours mal d’ailleurs. Mais après tous les coups que je m’étais pris ici, je crois que j’avais appris à bien supporter la douleur. Je vous jure, il allait falloir dire à Estheban que ses cours de kung fu, n’étaient pas si efficace. Je sais, ce n’était pas du kung fu qu’il essayait de m’apprendre, mais ça l’énervait quand je disais ça. Alors j’avais bien l’intention de continuer. Bref, j’espérais que beau blond allait être plus loquace.

Il n’était pas croyable ce type. D’où il me déboîtait le coude et après il refusait de m’aider ? Les jeunes ce n’était vraiment plus ce que c’était. En plus ça avait l’air de l’agacer que je le suive. Oh et bien, il avait de la chance, parce que je n’avais plus l’intention de le lâcher d’une semelle. Et BIM, dans tes dents Charmant ! Mais non, je n’étais pas énervé. Je laissais cette émotions aux autres. J’étais content d’avoir trouvé un nouveau défi. Cette journée risquait d’être encore plus amusante que prévu. Il faudrait tout de même que j’aille embêter Aloïs un de ses quatres. Je ne l’oubliais pas, ne vous inquiétez pas.

Je ne faisais pas forcément attention de la direction qu’avait pris le blond. Il était visiblement préoccupé par cette maison. Je crois que j’étais bien habitué à la ville à présent et je ne faisais même plus attention à son uniformité ou à toutes ces maisons vides qui se remplissaient petit à petit. C’était à se demander si le quartier ne s’élargissait pas comme par magie. Ou alors il y avait un nombre bien déterminé d’habitants à venir ? Qui sait. Ce n’était pas mon job de me poser des questions. De toute façon, quand je le faisais, je me faisais rembarrer. Je vous assure, super ambiance dans cette ville. Heureusement que j’étais là.

_ Le remettre en place ? Est-ce que j’ai l’air d’un médecin selon toi ? D’un kiné, peut-être ?

Il n’y a pas de raison. Il me regarde de haut en bas ? Alors je fais pareil. Avec un air offusqué. Est-ce que j’en faisais trop ? Toujours. La mise en scène est importante, figurez vous.

- T’as pas l’air de grand chose. Mais t’as réussi à le déboîter dans un sens, tu peux refaire pareil dans l’autre, non ?

Ca me semblait logique. Tu fais crack dans un sens, tu peux faire crack dans l’autre, c’est pas si compliqué, si ? Je crois que la médecine m’échappait pas mal. Pourtant, après tous les coups que je m’étais pris depuis mon arrivée à Amnesya, je devrais être calé. A croire qu’on apprend pas réellement de ses erreurs. D’ailleurs, j’étais toujours dans la provoque, alors que ce mec puait les pulsion meurtrière il suffisait de voir son regard. Alors ok, je n’étais pas une poule mouillé. Je me ris du danger. Mais là, quand le type m’approchait avec ce fichu regard, il est possible que j’aie reculé. Juste par mesure de sécurité hein !

_ Tu comptes me coller aux basques encore longtemps ? Tu n'as pas quelqu'un d'autre à aller emmerder ? Hm ?

Oh s’il savait… Je me mis à rire. C’était plus fort que moi. Plus personne à Amnesya ne me posait la question. Tout le monde savait. Mais c’est vrai, il venait d’arriver, il faut être gentil et lui expliquer.

- Oh oui, toute la journée s’il le faut ! Et même plus si affinité ! Et ne t’inquiète pas emmerder le monde est ce que je fais de mieux. Je te remercie d’ailleurs de pointer cette belle qualité. J’irai embêter quelqu’un d’autre plus tard. Chaque chose en son temps.

Quelque part, je me disais, qu’est-ce qu’il allait faire ? Me déboîter mon deuxième coude ? Ou un autre membre ? Qu’il le fasse, je n’étais plus à ça prêt. Et toute ces tortures valaient le coup, vu comment je m’amusais avec lui.

_ Ok, ok. Tu peux déjà commencer par me montrer où se trouve l'hôpital. ça peut toujours être utile. Comme ça tu pourras aller consulter pour ton bras.

Je lui adressai mon plus beau sourire. Comme quoi, il était grincheux, mais pas si méchant dans le fond. C’était toujours comme ça. Enfin, non pas toujours. Mais je préférai que ça se passe comme ça, plutôt qu’il ne se mette en tête de me brûler vif sur la place publique. Croyez-moi que, j’adorais la viande griller, mais je préférai quand ce n’était pas la mienne.

- C’est une merveilleuse idée ! Merci mon chéri, suis-moi, on reviendra te laisser t’installer dans ta maison après ! D’ailleurs, c’est quoi ton petit nom ? Sinon je vais être obligé de continuer à t’appeler chéri et je ne voudrais pas faire trop de jaloux…

Sans lui laisser le choix, je passais mon bras valide sous celui du blond et l’entraînai en direction de l’hôpital. J’espérais qu’il y aurait du monde. Au pire, si aucune infirmière n’était de service, il y aurait bien du monde à la morgue. Visiblement, personne ne mourrait à Amnesya, donc Aloïs ou Estheban n’aurait que ça à faire que d’essayer de me remettre le coude en place.

Rolalah, c’est qu’on fait sa mijaurée ? On ne supporte pas un petit contact ? Je ne sais pas si le blond se rendait compte qu’il me donnait bien trop d’élément pour l’embêter encore plus. Plus il me disait d’arrêter, plus il m’interdissait, plus j’allais définitivement le faire. Ou alors le laisser respirer un peu, pour mieux le faire chier plus tard. C’était visiblement facile de le faire sortir de ses gonds, donc, autant ne pas abattre toutes ses cartes dès le début de la partie. Ce n’était pas drôle de gagner trop rapidement. J’avais déjà du mal à faire en sorte à ce qu’il ne me plante pas là et aille voir ailleurs. Alors, ouais, autant être prudent et la jouer tranquille pour le moment.

- C’est noté, c’est noté ! Je vais faire des efforts. Mais tu devrais t’y habituer avec une plastique pareille, ce n’est pas possible que je sois le seul qui ne puisse résister à l’envie d’y toucher…

Je mordis la lèvre, toujours théâtral, hein, pourquoi changer une équipe qui gagne. Avant, encore une fois, de me mettre à rire et m’éloigner, simple mesure de précaution. Je n’avais pas envie qu’il m’en colle une. Alors certes, j’aimais bien provoquer, mais je n’étais pas masochiste non plus. J’avais déjà un bras en moins, je n’avais pas envie de finir en kit ! J’étais capable de m’identifier à beaucoup de chose, mais pas à une étagère. Définitivement pas une étagère. J’ai beaucoup de respect pour les meubles, hein, mais il ne faut pas abuser non plus.

Bref, dans tout ça… je restais calme, n’essayant plus de m'agripper à mon interlocuteur jusqu’à notre arrivée à l’hôpital. Est-ce que j’avais besoin de lui faire une visite des lieux ? Aucune idée. Je réussi à voir une infirmière rapidement. De toute façon, ce n’était pas comme si ça croûlait de patient ici. Puis ce n’était pas mon premier passage non plus. Je chouinais qu’elle me remette le coude en place et il s’avérait que mon coude n’avait pas été déboîté. J’allais juste avoir un hématome, mais sans plus et c’était ça la douleur. Donc éviter de faire trop le fou et tout irait mieux dans quelques jours. La honte. Etonnemment, Alex n’avait pas profité de mon absence pour se sauver.

- Bon, finalement ça va. Apparement mon coude n’avait rien… J’étais pourtant sûr que… C’est pas si grave tu es pardonn….

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’un flash blanc m’aveugla. Je n’eu pas le temps de me plaindre de quoique ce soit. J’étais dans un tout autre décors. Je n’avais aucune idée où, mais assurément pas seul. Accompagné de toute une bande de joyeux lurons. De la musique, ça bougeait dans tous les sens. Pas moyen que je ne m’y sente pas à ma place et puis, aussi vite que l’hallucination était apparue, retour à la réalité. Je secouais la tête pour remettre mes idées en place. Et vu la tête d’Alex quelque chose me disait que je n’étais pas le seul à avoir vécu un événement étrange.

- Hum, ça va ? T’as vu quelque chose ?

Je ne sais pas si j’étais le seul ou non à avoir ses flash. Je crois que non, mais je n’en étais pas si sûr. Après tout, je n’avais jamais eu vraiment l’occasion d’en discuter. C’était la troisième fois que ça m’arrivait. La première avait été le jour de mon arrivée avec Ash. Puis il y avait eu à la soirée au bar de Prudence et maintenant.

Je fronçais les sourcils. Vous pensiez qu’il était possible que nous ayons vu la même chose ? Déjà, je n’étais pas sûr de comprendre ces flash, mais en plus, il était possible d’en partager avec certaines personne ? Est-ce que mon passé serait lié à celui du beau blond ? Il y avait peu de chance, non ? Même avec Ash une telle chose ne m’était pas arrivé. Alors que, tout de même, il était mon meilleur ami et il n’y avait personne ici bas avec qui je m’entendait mieux que Ash. Ce serait étrange de me retrouver lié à un parfait inconnu. Quoique, plus rien n’avait vraiment de sens dans cette ville.

Il n’y avait qu’un seul moyen de savoir si nous avions partager la même vision. Étrangement, j’étais un peu réticent à l’idée de partager ce que j’avais vu. Pas que j’aie quoique ce soit à cacher, mais ça faisait parti de moi, je le sentais au plus profond de mon âme et quelque chose me disait que ces flash avaient un je-ne-sais-quoi de personnel.

- Et je sais, c’est peu probable, mais c’est bien la première fois que je vois quelqu’un d’autre avoir ce genre de flash en même temps que moi alors… Peut-être ?

Autant être honnête. Et profitez, pour une fois dans sa vie Puck était sérieux depuis plus de quelques minutes. Il faut dire, ces flash, ça retournait le cerveau. Et le contraire de mon cerveau survolté, c’était pas un cerveau sérieux, non ? Personnellement, je trouvais ça assez logique. Est-ce que ça voulait dire que mon interlocuteur allait être plus sympa ?

- T’as vu quoi toi ? Pour moi, c’était une sorte de cortège, on était plein, il y avait de la musique et tout. Aucune idée d’où on allait. Je crois que le principal n’était pas la destination, mais plus de s’amuser, tous ensemble, faire la fête, tu vois ?

D’en parler, je me sentais nostalgique d’une période dont, il y a quelques minutes à peine, j’avais totalement oublié l’existence. Quelque part, j’avais aussi la sensation que ça me manquait. Cette joie de vivre, cette fête permanente, ce bruit, ce bazars. Je restais un instant perdu dans mes pensées avant de revenir sur terre.

- D’ailleurs, tu ne m’as pas dit, tu t’appelle comment ? Sinon je continue de t’appeller ‘Beau blond’...

Et voilà, le retour du Puck originel. Depuis le début mon interlocuteur râlait que je m’approche de lui, que je fasse mine de flirter, alors j’étais presque sûr qu’avec un argument pareil, il ne pourrait que me donner son nom. Ou un nom, n’importe lequel. Parce que, visiblement, c’était un peu ce qu’on faisait ici. Personne n’était vraiment sûr de son identité.

Oh. On a perdu beau blond. Ca y est, il se rendait compte que cette ville c’était du grand n’importe quoi. J’avais très envie de rire, mais j’essayais de me maîtriser. Je n’avais pas très très envie qu’il me plaque à nouveau au sol. Quoique. Bah s’il le faisait, je préfèrerai que ce soit pas pour me casser un bras mais plus me cass…. Ok ok, je n’en dit pas plus. Heureusement, que mon interlocuteur ne lit pas dans les pensées, je serais sûrement mort à l’heure qu’il est sinon. Allez Puck, un peu de sérieux, tu sais que ce n’est pas facile pour tout le monde d’être ici.

J’allais essayer de dire quelque chose de rassurant, faire un effort pour ne pas me moquer et être empathique. Mais le blond repris pied, il retrouva son sérieux. Pendant un instant, j’eu presque l’impression qu’il n’avait pas aimé se montrer aussi paniqué. Est-ce que je devais en parler ? Ou je risquais encore de m’en prendre plein la figure ? Pour le coup, j’aurais presque préféré ne pas être seul pour accueillir ce nouveau.

Il était très rationnel, mais je sentais bien qu’il était toujours au bord de la panique. Ca avait l’air de lui prendre un effort monstre pour ne pas céder à ses émotions. Je restai patient. Je le laissais parler, et grimaçai. Je n’aimais pas trop ces histoires de marché. Essayer d’être moins insupportable ? Il n’avait pas dit que je ne devais plus l’être. C’était plutôt un deal honnête. Je serrai la main qu’il me tendait.

- Marché conclu, je vais essayer d’être moins insupportable. Et enchanté Alex !

J’affichai alors mon plus grand sourire. Nous étions reparti pour un tour ! Finalement, il n’était pas si détestable que ça. Avec un peu de chance, il ne tenterait plus de m’en coller une à chaque fois que j’ouvrais la bouche. Il n’y avait pas de raison pour que je sois le seul à devoir faire des efforts.

- Alors, où est-ce que tu voudrais aller ? Chez toi peut-être ? On a tous une maison. Tous la même d’ailleurs à la déco près.

Sans lui laisser le choix, je me dirigeais vers le quartier résidentiel et en profitait pour revenir sur ce qu’il s’était passé précédemment.

- Cette ville est un beau bordel, je crois que t’avais pas besoin de l’entendre de ma part pour le comprendre. Mais tout le monde est amnésique. Tout le monde s’est réveillé à la mairie, comme toi. Et parfois il y a ces flash… Enfin je sais pas trop pour les autres, mais de mon côté c’est quoi… La troisième fois que ça m’arrive ? Et à chaque fois j’y revis une scène différente. Je sais pas trop…. J’ai comme l’impression que je sais de quoi il s’agit ? Un peu comme un souvenir ? Bref, ne t’inquiète pas, tu n’es pas le seul à vouloir comprendre ce qu’il se passe.

Est-ce que je m’incluais dans ce lot ? Oui et non. J’avais envie de savoir ce qu’on faisait là, évidemment, j’étais curieux. Mais d’un autre côté, je n’allais pas me prendre la tête dans des recherches éprouvante alors que je pouvais me contenter de vivre, de m’amuser et de voir les événements ce passer.

- En attendant, je trouve que c’est plus sympa de s’occuper en faisant la fête plutôt que de se lamenter sur son sort, tu ne pense pas ?

Qu’il le pense ou pas m’importait assez peu au final. Qu’il le veuille ou non, Alex faisait à présent parti de mes connaissances et il y avait peu de chance qu’il échappe à mes fêtes et/ou à mes farces.

Décidément, difficile de l’aider à se détendre le caillot ! Je lui expliquais un peu ce qu’il se passait en ville. Ou tout du moins, ce que j’en savais. Je lui proposais même de faire la fête et il ne relâchait pas un seul muscle ? Sérieusement, il allait finir par exploser s’il restait aussi tendu. Peut-être qu’il y avait de quoi ne pas être serein. Je n’étais pas non plus des plus relax quand j’étais arrivé. Mais on finissait pas s’y faire. Puis Alex avait de la chance d’être tombé sur moi ! Au moins il n’avait pas erré tout seul dans la ville avant de trouver quelqu’un pour lui expliquer le délire.

- Ouaip, tous une maison. Techniquement, il n’y a personne qui te l’a attribué. Juste, elles sont là et il y a les noms sur les boîtes aux lettres et… C’est tout en fait. Il y a ton nom, donc c’est chez toi. Jusque là on a eu aucun cas de SDF.

Personne ne savais qui avait créé cette ville. Mais visiblement, cette personne savait qui allait venir tout semblait conçu pour accueillir un certain nombre de personne. C’était bizarre, perturbant, intriguant, et tout ce que vous voulez. Mais on finissait par s’y faire. Puis au final, on s’en fichait un peu non ? Tant qu’on avait un toit pour dormir. J’adressais un sourire à Alex quand il accepta ma proposition. Hochant la tête, je lui fis signe de me suivre. Pendant tout le trajet, Alex ne décrocha pas un mot. C’était assez agaçant. Et à plus d’un instant j’avais essayé de le faire parler. Mais non. Il se murait dans son silence. Il semblait attentif à ce qui se passait autour de lui.

Au moins, j’eus le temps de lui raconter plein de trucs. Genre, le jour de mon arrivée, comment on avait fait la course avec Ash et qu’on avait trouvé ma maison. Puis le fait que j’étais facteur et du coup, je connaissais plutôt bien les noms sur les boîtes aux lettres, mais beaucoup de maison étaient encore vide. Je lui parlais de Prudence et de Orion aussi que j’avais été chez eux, et c’était perturbant de voir les maisons toutes pareils, mais quand même un peu différentes dans leurs aménagements. J’étais en train de lui décrire l’intérieur de ma maison, lorsque nous arrivâmes devant la sienne.

Je laissais Alex passer devant, c’était chez lui après tout. Mais là encore, il râlait. Cette méfiance ne le lâchais donc jamais ?

- Quoi ? Comment voudrais-tu qu’il s’agisse d’une farce alors que je ne connaissais pas ton nom il y a quelques minutes encore ! C’est vraiment ta maison, regarde sur la boîte au lettre !

Son nom était dessus. Malgré ses contres indications, je m’approchais d’Alex et lui accordait une tape dans le dos pour l’encourage.

- Allez, relâche un peu la pression, t’es chez toi. Promis, personne ne va essayer de te bouffer.

J’essayais vraiment d’être réconfortant. Je savais que c’était déstabilisant d’arriver à Amnesya. Et ok, peut-être que j’aurais pu m’exprimer mieux que ça. Mais sur le coup, c’est tout ce qui était venu. Je laissais Alex découvrir ou redécouvrir sa maison, sans oser m’imposer, mais j’étais toujours là, s’il avait des questions. C’était bien pour ça qu’il avait accepté que je reste, non ?