Caractère Tu fais de jolis rêves ? Ils sont doux tes rêves ? Comme elles sont belles ces licornes et comme tu en as de l'imagination ma petite chérie. Oh, c'est doux dans ton monde, oui très doux, ça rêve de princesse, de dragon, de trésor et des tout un tas de choses incroyables. Oui c'est beau, très beau même. Tu en as de la chance, que papa et maman te laisse rêver de si jolies choses, tu en as de la chance qu'ils t'aiment et qu'ils s'aiment. Ton monde est beau, oui, très beau même. Moi aussi je fais des rêves parfois. Dans notre tête, on les adore, ils sont pleins de couleur, mais surtout de pourpre, de rouge, de noir. Parfois il y a du blanc, parce que tu sais, quand le rouge n'apparaît plus, il faut faire appel à d'autres anges. Tu ressembles un peu aux anges toi aussi tu sais. Ça te dirait d'en rencontrer ? Viens, viens, on en connait plein.

Et ça tourne, ça tourne encore. C'est cette boucle qui est sans fin, elle fait écho dans notre tête et parfois elle s'arrête. A ce moment_là y'a qu'le silence. Je l'aime pas trop ce silence-là, il est lourd, il est pesant. Eux non plus ils ne l'aiment pas. On préfère quand il y a du bruit, plein de bruit. C'est plus jovial pour apporter un peu de rouge au tableau, que d'entendre les autres rires. Viens chanter avec nous ma mignonne, laisse-toi séduire par ce son, celui de la décadence, celui de la folie. Cesse de craindre l'inconnu, car l'inconnu c'est nous et bientôt, dans ce monde, nous serons les rois. Dansons, oui dansons, jusqu'à en mourir de faim. Et buvons, oui buvons à outrance, jusqu'à ce que le sang dans nos veines nous emporte dans un monde qui ne connait que la terreur. Car la terreur, c'est moi. Et baisons, ou baisons encore et encore et sans s'arrêter et sans se refreiner dans ces pulsions qui sont les nôtres. Tu sais petit ange, toi tu ne grandiras pas, tu ne connaîtras pas tout ça, mais nous, sympathiques et joyeux lurons, on le vivra pour toi.

Viens avec moi petit ange. Oui, voilà, donne-moi la main. Dieu, tu es si petite si frêle, si fragile. Je pourrais te tordre le cou si rapidement, si facilement. Mais on a dit non. On ne fait pas de mal aux petits anges nous, on est des gentils, on se contente de peindre un nouveau monde tu vois.  Oh ça tourne encore dans ma tête. Ce monde il est si terne, vient le colorer avec nous.

Je suis l'ombre, tu sais petit ange. Dans ma tête sa cogne encore et encore parce que les voix veulent sortir. Mais je les retiens, parce que c'est pas bien. Ça fait mal quand ça tourne comme ça. Ça blesse, encore et encore et ça tourne et ça m'écorche, mais je ne lâche pas. Parce que je suis l'ombre, mais eux sont les ténèbres. Leurs pulsions elles font peur, leurs pulsions elles sont sans limites. Comme j'aimerais te rompre le cou, comme j'aimerais te découper seulement parce qu'elles en ont envie. Mais elles ont promis, oui elles l'ont dit, elles ne toucheront pas au petit ange qui doit rejoindre le grand tableau de la création.

Il n'y a pas de lumière au bout de chemin, rien que le noir le plus total. Mon cœur n'est pas humain et si je ne suis pas effrayé par les ténèbres c'est parce qu'à force de les fréquenter, je suis devenue elles. Nous sommes tous là à attendre, comme cette bête qui veut dévorer les autres. On est juste là à attendre notre heure, en se délectant du monde, en bavant d'envie devant tous ces jolis anges qui serviront eux aussi pour le grand tableau de notre création.

Tiens, arrête-toi là. T'es jolie avec ta robe blanche petit ange. Ne t'inquiète pas pour papa et maman, ils seront contents de ce que tu fais là, eux qui attendaient en silence que tu te casses une jambe pour pouvoir se rejeter la faute, encore et encore, dans une boucle infernale. T'étais le foutu prétexte de leur mariage, tu seras le foutu prétexte de leur divorce, tu le sais ça, petit ange ? Tu peux la garder ta robe, le contraste n'en sera que plus beau. Oui, ce seras beau. Allez va, ne pleure pas. Papa est un con et maman est une conne, tu mérites mieux qu'eux. Je suis mieux qu'eux, on est mieux qu'eux d'ailleurs. Viens, viens là. Mouche toi petit ange avant de devenir répugnante comme les autres, ceux qui me dégoûtent. Arrête de pleurer petit ange, où tu pourrais leur ressembler. Tu sais qu'on ne les aime pas, ces grands gens qui pensent tout savoir, tout posséder, tout mériter. Tu sais qu'ils nous donnent la nausée, ces grands gens qui pensent que le monde tourne autour d'eux et qui n'hésitent pas à ridiculiser le petit peuple avec aigreur. Oh non, bon sang qu'on les déteste, bon sang qu'on les déteste oui. Voilà, tu vois petit ange, lorsque tu t'arrêtes, tu es jolie. Je te l'ai dit, sur le tableau de la création, seuls les plus jolis ont le droit de figurer. Toi, tu trôneras fièrement au centre, nous sommes d'accord là-dessus. Tu seras si belle, autour de tes adeptes. Cesse, n'ait plus aucune crainte joli petit ange, ça ne fera mal qu'un instant. Ce ne sera pas si douloureux, tu ne sentiras presque rien et tu offriras à cette œuvre la beauté et la spontanéité qu'elle n'aurait jamais pu posséder sinon. Voilà, assied-toi ici. N'ai pas peur des autres, nous nous sommes occupés d'eux avant. C'était des pourris, c'est pour ça qu'ils ont cette tête là. Oui, comme ça, offre-moi un joli sourire petit ange et ne bouge plus, le temps que je t'égorge. Après ça, nous irons boire pour toi, nous irons danser pour toi, puis nous baiseront pour toi. Ton petit corps ne grandira plus, mais il sera figé dans le temps. Papa et maman pourront se séparer et aller jouer aux cons ailleurs et toi, petit ange, tu seras mon œuvre d'art.

Nous sommes un sacré artiste tu sais. Sans peur, sans limite. Tout fait rire, tout fait sourire et rien ne pourra nous effacer le sourire sur notre visage. Et même lorsque ça tourne en boucle, encore et encore. Et même lorsque les ténèbres me mangent, je ne peux m'empêcher de m'exprimer. L'art est fugace, mais aussi éternel parfois tu sais. Alors, petit ange, maintenant que ta peinture pourpre se répand autour de toi, je veux te remercier. Tu fais vivre mon œuvre et tu la rends immortelle en même temps. Bientôt les autres connaîtront les ténèbres et eux aussi, ils rejoindront le grand tableau de notre création.