De la paperasse, encore de la paperasse. Je n’ai pas l’impression que les citoyens de cette ville réalisent à quel point l’administration génère rapidement des formulaires et tout un tas de papiers. Puis évidemment, personne n’est jamais là quand il s’agit de les ranger. Je faisais des efforts pour le faire au fur et à mesure, histoire que mon comptoir ne croule pas sur des piles de feuilles, mais la mort d’Aloïs - Paix à son âme - n’avait fait qu’empirer les choses. J’avais pris une journée de retard et voilà que j’étais à nouveau envahie. La journée allait être longue, j’espérais vraiment que personne n’allait venir me déranger.

C’était sans doute trop demander à cette ville que quelques heures de tranquillité. Si j’avais bien entamé mon classement, je sentais bien que je n’allais pas avoir fini avant ce soir. J’entendais une voix de l’autre côté de la porte. Oui LA porte. Celle de la pièce où arrivaient les nouveaux. J’avais l’impression de ne pas avoir vu beaucoup de tête la passer ces derniers temps, mais visiblement, ce n’était qu’une brève accalmie. Je continuai tout de même mon travail sans me soucier plus que ça du bruit. Avec un peu de chance, l’arrivant ne viendrait pas m’embêter. J’entendis la porte s’ouvrir, des bruits de pas. Je fis mine d’être plongée dans la lecture d’un document. Pas de bol, une petite voix s’éleva et c’était bien à moi qu’elle s’adressait.

Je baissai la feuille que j’avais devant les yeux pour découvrir une jeune femme, à la mine des plus adorable, mais aussi des plus effrayés. La gentillesse me perdra un jour. Je ne pouvais pas la laisser dans cet état, la pauvre petite. Je retins donc le soupire que j’avais l’intention de lâcher pour répondre :

- Quelle voix ? La votre ? Oui, je l’entend bien très chère. Bonjour, vous venez d’arriver n’est-ce pas ?

Vu la tonne de question qu’elle s’empressa de me poser, je crois que cela répondait aisément à la mienne. Je hochai la tête et me levai de mon fauteuil pour trouver une chaise à la petite :

- Reprenez votre souffle, je vais tout vous expliquer, asseyez-vous, je vous en prie et laissez moi vous faire une tasse de thé… Sibylline, c’est bien ça ?

Un nom intéressant, très joli par ailleurs. On ne pouvait pas dire que tout le monde ici avait autant de goût en matière de patronyme. Je sais, nous ne choisissions pas vraiment, mais au bout d’un moment quand on s’appelle… je sais pas moi… Puck, on peut bien faire une petite entorse à la règle et choisir un nom plus… Convenable. Quoique, vu le personnage, au moins nous savions à quoi nous en tenir avec ce garnement. Bref, je mis la bouilloire en route tout en expliquant d’une voix calme :

- Je ne sais pas qui a tenté de vous appeler, mais si cela peut vous rassurer, votre présence ici n’a rien d’une mauvaise blague. Tout du moins, pas à ce que je sache.

Je nous trouvai des tasses, en plaça une devant l’arrivante et poursuivit :

- Bienvenue à Amnesya Sibylline. Nous sommes actuellement à la mairie et je suis Camomille, la brave secrétaire de ses lieux. Et apparemment assignée à accueillir les nouveaux. J’ai bien peur de ne pas avoir la réponse à toutes vos questions, mais je ferai de mon mieux pour y répondre. Mais avant, prenez une bonne respiration et… Choisissez votre thé.

Je plaçai une boîte en face de Sibylline qui contenait un bon nombre de sachets de thé différents, tous parfaitement triés. Pendant qu’elle faisait son choix, je versais de l’eau dans sa tasse ainsi que dans la mienne.