Lorsque vous ouvrez les yeux, vous êtes là, dans cette pièce étrange et pourtant somptueuse, à l'air baroque. Les fresques au-dessus de vous vous semblent familières, mais curieusement étrangères à la fois. Tout est blanc, pur et limpide. Et puis soudainement, une question vous frappe ; êtes-vous mort ? Vous n'avez pas besoin de respirer, ne ressentez ni la faim, ni la soif, ni le froid, ni la chaleur. Votre peau est étrangement froide et vous avez le sentiment que plus rien ne vit en vous. Oui, ce doit être ça, vous êtes mort. Et pourtant, l'alcool fait toujours effet sur vous et, lorsque vous vous blessez, bien qu'il vous faille parfois un peu de temps pour récupérer et alors même que vous ressentez la douleur lorsque vous saignez, vous ne mourrez pas. Vous pouvez manger, mais ne ressentez pas la faim, et vous n'avez pas non plus besoin de dormir, même si profiter de quelques heures de sommeil peut parfois être agréable. Êtes-vous arrivés au paradis ? Alors que vous parvenez à vous redresser et vous asseoir dans ce magnifique divan rouge, vous réalisez avec horreur que vous ne vous souvenez de rien. Qui êtes-vous ? Un prénom apparait dans votre esprit, probablement le vôtre, gardez-le bien en mémoire, car c'est désormais sous cette identité que vous répondrez.

Amnesya, la ville où personne ne se souvient de rien. Tout est bâti, les maisons, les commerces, ils demeurent pourtant étrangement vides. Pas de voitures ou de vélo à première vue, il vous faudra donc utiliser vos pieds. Pas d'animaux non plus, pas d'oiseaux, de chiens, ou d'insectes, d'ailleurs, vous ne vous souvenez même pas d'avoir connu leur existence. C'est à vous de peupler ce monde comme il se doit, à vous de vous trouver une spécialité, un domaine qui pourra être utile à la communauté, ou qui pourra au contraire interférer avec cette dernière. Peut-être qu'en cherchant bien, vos souvenirs finiront par revenir.

Les habitants d'Amnesya commencent doucement à prendre leurs marques. Sans technologies, sans moyen de transports, ils évoluent progressivement dans ce monde étrange en tentant de se souvenir de qui ils étaient auparavant. Mais voilà qu'un matin, alors que le monde s'éveille paisiblement et que le soleil commencent à éblouir la petite citée, un gazouillement se fait entendre. Là, sur une branche d'arbre, dans le jardin rayonnant, une petite créature s'agite. Chantonnante, elle s'exprime et appelle d'autres congénères qui bientôt, lui répondent. Les oiseaux sont apparu à Amnesya, et désormais, petites choses (mésanges, rossignol, rouge gorge, pigeon et corbeaux) côtoient les humains de la ville. Libre à vous de les admirer lorsqu'ils prennent de la voix, ou de les chasser, si vous avez faim.

Les choses semblent s'être calmée à Amnesya depuis le départ du minotaure. Les commerces ouvrent un à un, les habitants prennent peu à peu leurs marques. Certains semblent même se souvenir d'un bon nombre d'éléments sur leurs vies passées. Il semblerait même que l'on puisse parler, pour la cité, d'une vie "normale". Mais à Amnesya, rien ne reste calme très longtemps. Après un orage très violent, les habitants constatent que les choses ont changé, encore. Quels sont ces hurlements au loin ? Il faudra attendre quelques heures pour que les plus curieux ne partent à la recherche de ces cris déchirants.
Ils découvriront alors avec fascination d'étranges créatures répondant au nom de Bubales. Avec eux, des chevaux. Mais que font tous ces animaux sur la place de la mairie ? Leur arrivée soulève beaucoup de questions et demandera beaucoup d'organisation. Pour l'instant, les animaux sauvages ne semblent pas avoir envie de se laisser approcher, mais le déplacement de ce troupeau risque de provoquer des dégâts sur le long terme...

Il s'en est passé des choses à Amnesya. La neige est arrivée, puis repartie, amenant derrière elle un printemps doux qui a permis à la ville de prospérer. Les récoltes qui arriveront d'ici quelques semaines s'annoncent déjà comme étant excellentes. Beaucoup d'habitants sont arrivés également et la ville doit désormais compter une bonne centaine de citoyens. Et s'ils sont certes, toujours à la recherche de leur passé, ils vivent désormais dans un environnement plus doux. L'électricité est apparue, grâce aux inventeurs de génie présent dans la colonie. Adieu donc bougies et vieilles lampes à pétroles usagées et bonjour à des énergies plus vertes, moins polluantes. Les premiers transports sont également apparu et si certains se déplacent a cheval, d'autres font usage des toutes premières bicyclettes d'Amnesya. Les animaux, également, sont apparus. Peu à peu la ville s'est dotée d'une faune et d'une flore riche et il n'est pas rare d'apercevoir quelques joggeurs accompagnés de leurs fidèles canidés.

Les lieux ont tous été entièrement réhabilités. L'hôpital accueille désormais ses premiers patients aux bobos très superficiels et la mairie est heureuse de recevoir des citoyens dont les questions foisonnent.

En quasiment un an, Amnesya est devenue ce que le maire de la ville avait promis d'en faire ; une ville idyllique et douce où il ferait bon vivre et ou chacun serait en sécurité et surtout, parfaitement épanoui. Et rien ne semble pouvoir perturber cette petite bulle de bonheur.

Tout allait bien, jusqu'à ce qu'on le retrouve mort. Lui. Savoir qui il était n'avait pas la moindre once d'importance. Il était mort. Le premier mort d'Amnesya. Les habitants n'étaient donc plus immortels. le vent de panique créé aurait pu être limité, si, une fois ramené a la morgue, le mort n'était pas revenu a la vie, tel un monstre de film d'horreur, pour s'en prendre au maire en personne.



Ash et Poison, dernier rescapés du conseil décidèrent d'instaurer la loi martiale. En journée aucun habitant ne devait craindre de sortir, pourtant, a la nuit tombée, les monstres revenaient d'entre les morts pour s'en prendre aux vivants. Et si tout bon fan de Zombieland vous aurait fait comprendre qu'une attaque de zombie n'est pas quelque chose de très original, pour les habitants d'Amnesya, c'était tout a fait différent. Ces revenants n'avaient ni âme, ni réflexion. Ils ne dévoraient pas non plus les vivants, mais les agressaient farouchement et les mordaient, faisant d'eux d'autres monstres qui se réveilleraient a la nuit prochaine. Comiquement et tragiquement, un couvre-feu fut instaurer et bientôt on ne vit plus personne sortir la nuit.